Tu es là devant moi,
A la fois si présent et si loin parfois.
-Je te vois.
Je m'approche.
-Je m'accroche.
Ma main vient cueillir ton visage,
Visage rebelle d'autrefois
-Aujourd'hui, une gueule cassée dans un miroir de soie
Ta tête dodeline légèrement
-Contre ta peau, je ne sens plus les tremblements
Tu fermes les yeux, tu es ému, je le sens
-Je cherche dans mes souvenirs,
nos corps mis à nus, si évidents
J'embrasse ta barbe de trois jours
-Tu la laisses pousser mais je suis une loque dans un gant de velours
Je ne me résous pas à t'imaginer sans cette marque du passé
-Tu préfères ne pas raser ce qui me reste de virilité
Une larme vient humecter mes lèvres qui se sont approchées des tiennes
-Putain, je chiale comme une gonzesse, je voudrais te mordre pour cette faiblesse
J'embrasse fébrilement ta joue, tes cheveux, ton cou
De ton visage, je fais le tour.
-Détournes-toi de la bête, de ce corps flasque,
de ce qui me reste encore d'intact !
Je reste et tu sais pourquoi ?
-Vraiment ça, je ne sais pas.
Ton silence est léger et ton souffle subsiste
-Si je pouvais parler, je t'insulterais pour que tu me haïsses
Malgré cette souffrance que je devine
-Cette petite mort qui m'assassine
Je t'aime, n'en doute pas !
-Je sais, je ne doute que de moi.
J'espère, à chaque soubressaut,
à chaque tressaillement, je sursaute.
-Moi aussi, je guette, des pointes de vie.
Putain de coma dans un gant de soif.
Mon amour, je te laisse, je reviens demain
-Pars pas, prends moi la main !
Je t'apporterai ta musique et ton parfum préférés
-Pars pas, prends moi la main !
Les médecins disent que tu peux écouter
-Et je crève de devoir subir le son de ta voix
Bisous, j'entrouve la fenêtre pour que le jour passe
-Peu importe, tout est noir dans ma nuit, je trépasse
Je reviens vite, à demain
-Pars pas, prends moi la main,
je t'emmènerai faire un tour
dans mon monde souterrain
Pars pas, prends moi la main !
A demain !
-Pars pas, prends moi la main !
Pars pas, prends moi la main !
Pars pas, prends moi la main !