J’écris j’écris j’écris
Pour pas mourir mourir mourir
Je gratte je gratte je gratte
Sur mon papier égratigné
Des phrases des phrases des phrases
Et des maux alambiqués.
J’écris j’écris j’écris
Pour délier mes soucis, soucis, soucis
Je copie je copie je copie
Les cauchemars de mes jours
Et les démons de mes nuits
J’écris j’écris j’écris
Pour oublier oublier oublier
Et plus j’écris plus j’écris plus j’écris
Plus l’encre se vide
Et noircit l’immaculé.
J’écris j’écris j’écris
Des mots jetés en sursis
Qui ne veulent rien dire.
J’écris j’écris j’écris
Et souvent je jette je jette je jette
La feuille à peine séchée
Sous ma plume improvisée.
J’écris j’écris j’écris
Quand je pleure je pleure je pleure
J’ efface peu à peu mon reflet
Sur mon miroir embué
Mes pages essuient mes larmes
Et je peux refermer enfin mon cahier.
Quand je suis mieux, suis mieux, suis mieux
J’essuie mes yeux, mes yeux, mes yeux
Je souris, un peu, un peu, un peu
Je lève alors la tête,
Regarde par la fenêtre
Et je me dis :
Merde, il pleut.
Alors j’écris, j’écris, j’écris
Pour pas mourir, mourir, mourir
D’ennui…